Depuis le jeudi 25 février, le vaccin contre le Covid-19 d’Astra Zeneca est désormais accessible en médecine de ville ainsi qu’en entreprise aux personnes de 50 ans et plus présentant des comorbidités. Les professionnels de santé et du médico-social âgés de 18 à 64 ans (quel que soit le mode d’exercice) sont également candidats à la vaccination.
Le Ministère de la Santé, auquel le Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes se joint ici, déplore une “certaine défiance » de la part des professionnels de santé à l’égard de ce vaccin. C’est pourquoi il est important aujourd’hui de faire un état des lieux.
Qui peut recevoir le vaccin AstraZeneca ?
Du côté des professionnels de santé, la vaccination est ouverte à tous, salariés ou libéraux.
Du côté du grand public, le vaccin AstraZeneca est recommandé aux personnes de 50 ans et plus atteintes des comorbidités suivantes :
- L’obésité (IMC>30), particulièrement chez les plus jeunes.
- La BPCO et l’insuffisance respiratoire,
- L’hypertension artérielle compliquée,
- L’insuffisance cardiaque,
- Le diabète (de type 1 et de type 2)
- L’insuffisance rénale chronique,
- Les cancers et maladies hématologiques malignes actifs et de moins de 3 ans,
- Le fait d’avoir une transplantation d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques,
- La trisomie 21.
Comment fonctionne le vaccin AstraZeneca ?
Contrairement aux vaccins Pfizer et Moderna qui utilisent tous les deux une technologie innovante dites » ARN messager », le vaccin d’AstraZeneca a recours à un procédé plus traditionnel, à vecteur viral appelé « Covid Shield ». Le principe est d’utiliser comme support un autre virus peu virulent (ici un adénovirus de chimpanzé), transformé en laboratoire pour y ajouter une partie du virus responsable du Covid-19. Le virus modifié pénètre dans les cellules des personnes vaccinées, qui fabriquent alors une protéine typique du SARS-CoV-2, éduquant leur système immunitaire à le reconnaître.
Ainsi, si le virus pénètre l’organisme, il déclenche une réaction immunitaire à la fois par la production d’anticorps et par la mise en œuvre d’une fonction de mémoire de certaines cellules permettant l’activation de défense en cas d’attaque.
Quelle est son efficacité ?
Le vaccin AstraZeneca a été autorisé pour l’Europe par l’EMA le 9 janvier 2021. Les essais cliniques ont été faits auprès de 16 437 personnes de 18 ans et plus ayant reçu pour moitié le vaccin -2 injections- et pour moitié le placebo. L’efficacité pour prévenir les cas de COVID-19 était de 62 %. L’allongement de l’intervalle entre 2 doses jusqu’à 12 semaines s’accompagne d’une augmentation de l’efficacité vaccinale.
On peut lire des études qui montrent une efficacité moyenne de 70.4 % avec des variations entre 60,3% et 90%. Ces variations s’expliquent par une erreur dans les concentrations initiales injectées aux participants. Erreur qui a mené à une découverte inattendue : si l’on injecte 1 demi-dose puis quelques semaines après 1 dose complète, l’efficacité s’élève à 90% d’efficacité… contre 60% si l’on injecte 2 doses complètes à quelques semaines d’intervalle. Un certain nombre d’ hypothèses ont été échafaudées pour expliquer ce phénomène mais il reste encore à démontrer le schéma “demi-dose puis dose complète”.
Reste que comparé aux vaccins à ARN-m, le vaccin AstraZeneca peut sembler modérément efficace. Il est important de savoir qu’il présente une efficacité importante concernant la prévention des formes graves et les hospitalisations. En contexte de pénurie, cela constitue un argument majeur.
Enfin, le vaccin AstraZeneca est efficace contre les souches originelles et britanniques. Son efficacité face aux variants brésilien et sud africain reste à démontrer. C’est la raison pour laquelle les vaccins Pfizer et Moderna sont privilégiés dans les zones de forte circulation de ces variants, comme en Moselle.
Quels sont les effets indésirables ?
Comme après toute vaccination, la personne ayant reçu le vaccin peut ressentir des effets indésirables.
Dans le cadre des essais cliniques, plusieurs effets indésirables ont été recensés : la majorité d’entre eux étaient d’intensité légère à modérée et se sont généralement résolus en quelques jours après la vaccination. On relève des douleurs au point d’injection, de la fièvre, des maux de tête, de la fatigue ainsi que des douleurs musculaires.
Par rapport à ceux signalés avec la première dose, les effets indésirables rapportés après la seconde dose étaient d’intensité plus légère et de fréquence moindre.
Dans le cadre de l’enquête pharmacovigilance, des cas de symptômes pseudo-grippaux avec un délai de survenue dans les 24 heures suivant l’injection ont été observés avec une médiane de température à 39°C.
En raison de ces effets indésirables, nous recommandons aux kinésithérapeutes de se faire vacciner par exemple la veille du week-end ou d’un jour de congé afin qu’ils puissent se reposer. Il pourra être opportun de ne pas vacciner tous les kinésithérapeutes travaillant dans un même centre le même jour.
Le vaccin AstraZeneca empêche-t-il l’infection et la transmission ?
On ne dispose pas de données suffisantes concernant l’impact du vaccin AstraZeneca sur la transmission ou l’excrétion virale.
En attendant, il convient de maintenir et de renforcer les mesures de santé publique efficaces : port du masque, distanciation physique, lavage des mains, hygiène respiratoire en cas de toux ou d’éternuement, évitement des foules et bonne ventilation des lieux clos.